Avant de rentrer dans le vif du sujet il convient de bien comprendre ce qu’est la photographie d’architecture.

La photographie d’architecture concerne tout ce qui tourne autour du bâtiment, quelque soit l ‘époque de réalisation, la taille (ou l’échelle) du projet du projet. On entend par la que tout édifice peut faire l’objet de photo d’architecture, de la simple cabane aux tours de la défense en passant par une maison de particuliers ou le château de Chambord.
L’objectif est de valoriser le bâtiment dans son environnement à travers différents aspects tels que la composition et la lumière, les forme et les volumes, les matières, les détails ou encore l’ornementation.

Pourquoi la photographie d’architecture ?

Il existe deux approches dans la photographie d’architecture : La photographie documentaire et la photographie esthétique.
La première est plus destinée à l’information, la publicité, la communication de manière générale et la seconde relève de la création artistique. Cette distinction est importante car dans la première approche, le photographe doit s’attacher à passer avant tout un message risquant parfois de manquer de caractère esthétique, alors que dans la deuxième il travaillera plus sur des émotions qu’il souhaitera transmettre, et pourra de ce fait ne contenir aucune information « utile ».

La photographie documentaire

La photographie documentaire fais généralement l’objet d’une commande. Elle à pour objectif de transmettre un message, son contenu est avant tout informatif et dans un deuxième temps esthétique. L’un n’empêche pas l’autre, il suffit de feuilleter les nombreux livres et revues dédiés à l’architecture pour se rendre compte que la photographie de commande peut être et est souvent très esthétique.
Généralement les clients sont privés (agence d’architecture, entreprise, designer etc…) ou public (ville, musée, état, collectivité etc…). Il en résulte que pour un bâtiment les photos seront très différente d’un client à l’autre. Un architecte voudra mettre l’accent sur les volumes, la lumière ou encore l’intégration dans l’environnement, alors que l’entreprise ou le fournisseur souhaitera mettre en valeur la qualité des matériaux, de la mise en oeuvre, l’intégration de son produit dans la construction etc…
Ces commandes de photos « utilitaires »  peuvent avoir différents but.
On peut par exemple cité la communication, qui permet aux agences d’architecture de présenter leur travail via des book, des publications (magazines, livres etc…) ou aussi pour des dossiers de concours.

L’oeuvre architectural cette particularité qu’elle ne peut pas être déplacée. La photo et l’image en général reste donc le seul moyen de pouvoir valoriser une oeuvre architecturale à travers différents supports (édition) et médias utilisant l’image.
Un autre but assez proche du précédant est l’approche publicitaire. Promouvoir un projet auprès du plus grand nombre afin d’améliorer son image de marque, notamment dans la promotion immobilière pour des opérations immobilières. La photo devient alors le support de cette valorisation.

Enfin il y à l’archivage. Qui ne connait pas Eugène Atget ou la mission héliographique?
Atget à eu pour mission de photographier et répertorier les bâtiments détruit lors de la guerre de 1914-1918. Entre 1897 et 1927, il à réalisé plus de 8000 plaques dont une partie fait encore partie aujourd’hui des fonds d’archive da la ville de Paris.
De même en 1851, la Commission des monuments historiques à commandé la mission héliographique ayant pour objectif de réaliser un inventaire du patrimoine architectural français menacé de ruine dans l’idée d’engager ensuite leur restauration.
Les archives ont une valeur essentiel sur le plan de la mémoire, puisque tout bâtiment disparaitra un jour ou l’autre.

L’exemple de la Syrie est tristement exemplaire, il ne reste rien de bon nombres de bâtiment exceptionnels, seuls les photos pourront permettre aux hommes de se souvenir qu’un jour ils existaient, et toute recherche historique ne pourra plus être faite que par le biais de photographie…

On pourra noter que la photographie de commande est assez contraignante puisqu’elle s’inscrit dans des délais parfois très court, dépend d’obtention d’autorisations et doit faire face à des aléas imprévisibles tels que la météo.

La photographie esthétique

La seconde approche, la photographie esthétique, s’inscrit souvent dans une démarche artistique et n’est généralement pas soumise à obligation de résultat.

Il ne faut pas voir l’architecture comme un objet immobile, sans vie. Bien au contraire lorsque l’on observe un bâtiment on peut voir qu’il change, se métamorphose selon la lumière, la saison, la météo. Un bâtiment s’inscrit dans un paysage, qu’il soit urbain ou rural autre, le paysage « vit » au grès de la lumière et des saisons, il est donc logique qu’un bâtiment qui s’inscrit dans ce même paysage subisse des changements.
Une fois acceptée cette idée du bâtiment « vivant », on se rend compte qu’il devient une source de création infinie. Il n’est donc pas rare de voir un même projet photographié différemment avec des résultats parfois tellement opposés que l’on se demande s’il s’agit du même sujet.
L’architecture devient le support de l’oeuvre photographique, le sujet principal n’est plus le bâtiment mais l’émotion et tout autre forme de message que souhaite faire passer le photographe.
Un photographe comme Raymond Depardon dans sa série « La France de Raymond Depardon »  (2010) dresse un « portrait » très personnel de sa vision de la France qu’il à traversé durant des années. Certes on y retrouve une volonté non dissimulée de s’inscrire dans une démarche proche de celle d’Atget, la couleur en plus, ou de Walker Evns dans un autre domaine (portrait) pour ne citer qu’eux. ( D’ailleurs c’est après avoir collaboré à la mission photographique de la DATAR que Depardon s’est lancé dans cette série).
Il n’en reste pas moins que son approche est artistique, le choix des lieux est défini par des objectifs précis, notamment les couleurs. Je ne rentrerais pas dans le détail mais vous invite à regarder son travail d’un point de vue architectural ET artistique.
Gilles Aymar architecte et photographe d’architecture, profites régulièrement de ses commandes pour créer des images avant tout utilitaires (mais aussi très esthétique) et pour proposer une interprétation plus personnel. Images dans lesquelles l’esthétique reprend le dessus.

Il a notamment réalisés des séries régulièrement exposés ou publiés dont le support est l’architecture mais le message devient un témoignage de la société.
Si je devais résumer la photo d’architecture au-delà de l’aspect technique que nous aborderons plus tard, je dirais que les approches esthétiques et utilitaires sont indissociables. Il est impensable d’imaginer qu’un photographe, ne serait-ce que par le point de vue qu’il choisit, ne donne pas une part d’interprétation. Il ne faut pas voir la photographie d’un point de vue purement informatif ou artistique, la force d’une bonne photo d’architecture est de joindre les deux.
Bien évidemment il ne faut pas perdre de vue l’objet de la commande. Proposer lors d’un reportage une vision plus personnel et plus libre est souvent intéressant et permet au commanditaire (qui souvent est le concepteur) d’appréhender différemment sont oeuvre.

Au fil du temps une photo que l’on voulait purement artistique se transforme en une photo « utilitaire » à forte valeur esthétique. Le regard se forge, évolue, s’adapte. C’est finalement à travers tous les projets photographiés et sont histoire personnelle que le regard du photographe se forge.  Il est donc nécessaire d’aborder une commande sous différents angles.

Et si l’esthétique n’était pas importante, il importerait peu de choisir un photographe plutôt qu’un autre!


Je vous invite à lire le livre de Gilles Aymar : « PHOTO d’Architecture » aux Editions Eyrolles dont je me suis beaucoup inspiré pour écrire cet article. Vous y trouverez une description complète du métier de photographe d’architecture ainsi que de précieux conseils pour ceux qui souhaiteraient se lancer.